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Les pistes cyclables n’existent pas

Les pistes cyclables n’existent pas. Pour le cyclosportif, on s’entend. Je parle ici de la personne qui se sert de son vélo comme d’un article de sport, et non comme d’un moyen de transport ou d’une raison pour sortir faire une promenade.

 

Le cyclosportif (homme ou femme) cherche à s’entraîner pour simplement garder la forme, ou encore pour réaliser un objectif précis (le nombre de défis cyclistes ne cesse de s’accroître, été après été). Certains s’entraînent même pendant l’hiver, en classe de spinning ou lors de voyages dans le Sud, pour être en mesure de commencer l’été en lion.

 

Ce cyclosportif roule donc beaucoup (quelques milliers de kilomètres par été) et généralement vite. On parle d’une vitesse moyenne d’environ 30km/h pour le cyclosportif moyen, mais cette vitesse peut rapidement grimper à 35km/h, voire même dépasser les 40km/h pour les athlètes plus sérieux. Notez bien que je parle de vitesse moyenne, ce qui sous-entend des pointes de vitesse qui peuvent être beaucoup plus élevées selon la direction et la force du vent, le relief de la route ou l’entraînement en groupe.

 

Les pistes cyclables sont en fait nommées ainsi par erreur. Ces pistes sont en réalité des pistes multi-activités où l’on retrouve certes des gens à bicyclette qui font une simple promenade ou se rendent à une destination, mais aussi des marcheurs, des parents avec des poussettes, des gens en patins à roues alignées, des jeunes sur leurs planches à roulettes, des personnes qui promènent leur chien, etc. De plus, il n’est pas rare que la vitesse permise sur ces pistes soit limitée, souvent à 20km/h, parfois moins.

 

Manque de place

Sur ces pistes multi-activités, on se rend rapidement compte qu’il n’y a en fait pas de place pour le cyclosportif, qui devient un véritable danger, tant pour les autres que pour lui ou elle-même. D’ailleurs, mon plus gros accident de vélo est survenu sur une de ces pistes alors que j’ai rencontré dans un virage un couple qui roulait tout doucement côte à côte en sens inverse et dont la dame roulait dans ma voie. La piste était pourtant clairement divisée par une ligne jaune pleine…

 

C’est donc pourquoi le cyclosportif roule dans la rue, parfois même à quelques mètres d’une de ces pistes multi-activités. Le malheur du cyclosportif est qu’il n’y est cependant pas toujours le bienvenu. L’automobiliste, qui aime trop souvent régner sans partage dans la rue, n’hésite pas à s’approcher sournoisement du cyclosportif, sans doute pour être bien sûr que ce dernier entende bien le coup de klaxon que l’automobiliste s’apprête à lui destiner avant de le haranguer, fenêtre baissée, en pointant vers ladite piste multi-activités.

 

Le cyclosportif sursaute alors, perd sa concentration, voit son espace se réduire entre la voiture et le côté de la rue et risque la chute alors qu’il roulait déjà à bonne vitesse. De gros mots s’échangent, suivis de gestes parfois disgracieux. L’automobiliste poursuit alors son chemin et le cyclosportif, quant à lui, cherche à retrouver sa sérénité en sachant que le manège recommencera bien assez vite, si ce n’est aujourd’hui, ce sera demain.

À la fin de l’été, le cyclosportif aura tristement plusieurs histoires du genre à raconter. Espérons qu’il ou elle pourra le faire sans avoir à inclure un passage dans le milieu hospitalier.

 

Automobilistes, soyez indulgents envers les cyclosportifs. Vous êtes assis plutôt confortablement sur un siège rembourré, à l’air conditionné, en écoutant la radio. Prenez la vie du bon côté, et S.V.P. protégez la nôtre au passage…

 

Référence :

Auteur Denis Marchildon, Pointe-Claire

LaPresse

Édition du 9 juin 2013